40e anniversaire de la greffe du coeur

Publié le par JPex

   
  
Il y 40 ans, le premier coeur était transplanté en Europe et il y a 20 ans en Limousin. Retour sur ces moments qui ont changé à jamais la face de la médecine et redonné espoir à des milliers de patients...
 
La greffe cardiaque en Europe fête ses 40 ans. Le Corrézien Henri Bassaler est le premier transplanté limousin passé entre les mains du professeur Cabrol.

« Je suis le bénéficiaire de la plus belle oeuvre de solidarité que l’on puisse imaginer ». À bientôt 60 ans, Henri Bassaler se lève chaque matin en se disant « quelle chance inouïe tu as eue ! ». Depuis vingt-quatre ans, bat en lui le coeur d’un autre. Le premier greffé du coeur limousin est passé sur le billard du professeur Cabrol, « un homme pour qui j’ai une tendresse infinie », dans la nuit du 3 au 4 juillet 1984. Le 4 juillet, le jour de son indépendance. Celui d’une renaissance.
   

« Je suis sauvé »

« Je me suis réveillé vers 8-9 heures, j’étais bien. Je me suis touché et je me suis dit : “je suis sauvé “. Jamais je n’ai imaginé que cela puisse ne pas marcher », se remémore-t-il avec émotion. Émotion et aussi humour à l’évocation de son parcours. Sa vie bascule alors qu’il n’a que 36 ans, sans « jamais d’alerte ». Cet adepte du camping-car est en vacances en Andorre en 1983, avec son épouse et ses deux fils de 4 et 8 ans. Il se met à suffoquer en altitude, « à tousser comme un perdu ».


Rapatriement, urgences à Tulle puis direction Limoges. Le poumon est plein d’eau, l’oedème aigu. On lui parle d’une atrophie du muscle cardiaque, « peut-être génétique ». Le tout jeune directeur du centre d’aide par le travail (CAT) de Tulle, qui déborde de projets, enchaîne les examens. À Grenoble, le 12 avril 1984, on lui explique que s’il n’est pas greffé dans l’année, on ne donne pas cher de son avenir.
  

Le 22 mai, il est à Paris dans le bureau du professeur Cabrol, « un homme d’une chaleur extrême », qui le tutoie d’emblée : « Mon p’tit gars, je dois t’avoir greffé dans un mois. Tu rentres chez toi pendant trois jours pour régler tes affaires et tu reviens attendre un coeur, parce que là, je n’en ai pas dans le placard ». Du 25 mai au 3 juillet, très affaibli, Henri Bassaler attend à Maison-Laffite avec l’angoisse que ce coeur n’arrive jamais. Puis c’est le coup de fil de la Pitié-Salpêtrière. Le greffon est compatible. L’opération dure cinq heures. Henri revit. Un mois d’hospitalisation, quinze jours de rééducation et le 15 août, une autorisation de sortie : trois jours pour la fête votive « de son clocher », Collonges-la-Rouge, où il a acheté « une ruine » en 1975.


Sur pieds, six jours après

« Moins de six mois après, j’avais repris mon activité professionnelle, explique Henri. Au grand dam de ma famille ». Il a appliqué à la lettre les prescriptions de celle qui a beaucoup compté, Mme Cabrol, anesthésiste attitrée de son mari, chargée du suivi des greffés. « On n’a pas fait tout cela pour que vous fassiez de la chaise longue », lui intime-t-elle.


« Mon p’tit gars, je dois t’avoir greffé dans un mois », m’a dit Cabrol. « Alors, j’ai continué à faire des choses pas raisonnables : de la politique ! », sourit Henri, assis dans son fauteuil de maire de Collonges depuis 2001. Il est aussi conseiller régional et coiffe plusieurs casquettes associatives dont celle de France Adot 19. Une façon de témoigner sa reconnaissance à la collectivité même si lui est persuadé de ne jamais pouvoir « rembourser la dette de ce magnifique don ».
 

Passée « la hantise » du rejet du greffon, avec l’aide de ce médicament miracle, la ciclosporine, la vie a repris son cours. Rythmée par la contrainte du suivi médical qui s’allège toutefois au fil des ans. « C’est fabuleux, je vis au jour le jour et j’ai une tendresse naturelle pour les autres », s’émeut Henri qui a appris, dix ans après son intervention, par une indiscrétion, la provenance de son greffon. « C’était un homme qui s’était suicidé. Il est arrivé en état de mort cérébrale ». Le hasard voulant que ce coeur provienne tout droit de… Limoges.
  
 
Source: Le populaire - lundi 21 avril 2008

Publié dans Santé

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