Diminution des cancers du sein

Publié le par JPex

undefined


  
Alors qu'elle ne cessait d'augmenter dans des proportions inquiétantes depuis une trentaine d'années, l'incidence du cancer du sein est en diminution en France depuis 2005. Ce phénomène est également observé aux Etats-Unis. Pour l'heure, la seule explication rationnelle semble résider dans la désaffection massive vis-à-vis des traitements hormonaux substitutifs (THS) de la ménopause. Tels sont les principaux enseignements d'un rapport rendu public, lundi 18 février, par l'Académie nationale de médecine, qui formule par ailleurs une série de recommandations pour tenter d'organiser une prévention de cette pathologie à l'origine, chaque année, d'environ 10 000 décès prématurés.
  
Les conclusions du groupe de travail de l'Académie nationale de médecine créé à l'initiative du professeur Maurice Tubiana se fondent pour partie sur une publication du dernier numéro, daté de janvier, du Bulletin du cancer. Dirigés par le docteur Hubert Allemand (Caisse nationale d'assurance-maladie), les auteurs se penchent sur un phénomène assez paradoxal : alors que le nombre des examens radiologiques de dépistage du cancer du sein ne cesse d'augmenter en France, celui des cas diagnostiqués diminue notablement depuis 2005.
  

"Entre 2000 et 2004, la croissance annuelle moyenne du taux d'incidence a été de 2,1 %, écrivent-ils. Puis ce taux a décliné. Il a diminué de 4,3 % entre 2004 et 2005 et de 3,3 % entre 2005 et 2006." La diminution a avant tout concerné la catégorie des femmes âgées de 50 ans et plus avec des diminutions respectives de 6 % et 5,3 %. Le nombre de cas diagnostiqués avait atteint 49 236 en 2004.

Faute de registre national exhaustif des cancers, les auteurs ont mené leur étude à partir des données dont dispose la Sécurité sociale, qu'il s'agisse des enregistrements des dossiers d'affection de longue durée ouverts après un diagnostic de cancer du sein, des recensements quant aux prescriptions des THS et des évaluations concernant le programme national de dépistage du cancer du sein. Ils font valoir qu'entre 2000 et 2006 les prescriptions de THS ont diminué de 62 % du fait, pour l'essentiel, de la diffusion à large échelle des premiers résultats scientifiques établissant de possibles corrélations entre certains de ces traitements hormonaux et une possible augmentation du risque de cancer du sein.

Durant cette même période, le nombre des dépistages mammographiques a quant à lui augmenté de 335 %. "La baisse de l'incidence du cancer du sein en période de déploiement du dépistage est paradoxale, observent le docteur Allemand et ses collègues. La diminution massive et simultanée des THM est la seule modification majeure de l'environnement pouvant expliquer cette évolution." 
 

TRAITEMENT PRÉVENTIF

Pour sa part, le rapport de l'Académie nationale de médecine souligne qu'après une stabilisation, l'incidence des cancers du sein a, aux Etats-Unis, commencé à baisser de 12 % en 2003, soit peu de temps après une réduction de moitié des THS de la ménopause dans ce pays. Ces nouvelles données statistiques sont de nature à relancer la controverse centrée sur le fait de savoir si certaines caractéristiques des THS "à la française" exposent moins que d'autres à une augmentation du risque de cancer du sein. "Il nous faut impérativement savoir si le THS français est à moindres risques. A cet égard des études sont en cours qui doivent impérativement être complétées", soulignent les auteurs du rapport.

L'Académie prend également position en faveur de la commercialisation de deux médicaments (le tamoxifène et le raloxifène) qui ont démontré leur efficacité dans le traitement préventif chez les femmes identifiées comme étant, pour des raisons génétiques notamment, exposées à très haut risque au cancer du sein. Un dossier plaidant en ce sens devrait être prochainement déposé auprès de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ainsi qu'auprès de la Haute Autorité de santé.

Les auteurs du rapport plaident par ailleurs en faveur du développement de la recherche fondamentale dans un domaine où demeurent beaucoup d'inconnues. Selon eux, les progrès de la recherche en génétique laissent clairement espérer l'émergence d'une prévention ciblée et personnalisée. De ce point de vue, ils estiment essentiel de constituer des banques de lésions précancéreuses dans des centres de ressources biologiques spécialisés.

Sources: www.lemonde.fr

 

Publié dans Santé

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article